Redécouvrir le Lactobacillus reuteri : une bactérie oubliée aux multiples bienfaits
Saviez-vous qu’il existait une bactérie bénéfique, autrefois abondante dans notre intestin, mais qui a pratiquement disparu depuis plus de 50 ans ? Il s’agit du Lactobacillus reuteri (L. reuteri).
Une bactérie ancestrale disparue de notre microbiote
Pendant des millénaires, le L. reuteri faisait naturellement partie du microbiote humain. Malheureusement, avec notre mode de vie moderne, cette précieuse souche s’est raréfiée. Plusieurs facteurs expliquent cette disparition :
- l’utilisation fréquente et parfois abusive d’antibiotiques,
- une alimentation industrielle et transformée pauvre en fibres,
- une hygiène excessive limitant le contact avec les micro-organismes,
- une transmission réduite de la mère à l’enfant au fil des générations.
Aujourd’hui, seules certaines populations traditionnelles, comme celles de Papouasie-Nouvelle-Guinée, de Nouvelle-Zélande ou d’Afrique, possèdent encore naturellement du L. reuteri dans leur flore intestinale.
Une souche popularisée par le Dr William Davis
C’est notamment grâce au Dr William Davis, cardiologue américain et auteur du best-seller Wheat Belly (Pourquoi le blé nuit à votre santé en français), que cette bactérie est revenue sur le devant de la scène. Dans son ouvrage Super Gut, il met en lumière l’importance du microbiote intestinal et explique comment il est possible de cultiver chez soi certaines bactéries bénéfiques, dont le L. reuteri, afin d’améliorer la santé digestive, métabolique et même émotionnelle.
Les bienfaits scientifiquement étudiés du L. reuteri
Le L. reuteri n’est pas une bactérie comme les autres. Ses effets bénéfiques sur l’organisme sont nombreux et bien documentés :
- Métabolisme et glycémie : il contribue à une meilleure régulation de la glycémie et peut soutenir la gestion du poids.
- Bien-être émotionnel : il stimule la production d’oxytocine, surnommée « hormone du bonheur », favorisant la bonne humeur, la réduction du stress et le renforcement des liens sociaux.
- Immunité et inflammation : il aide à calmer l’inflammation chronique et à soutenir les défenses naturelles.
- Santé osseuse et peau : certaines recherches indiquent qu’il pourrait améliorer la densité osseuse et favoriser une peau plus saine et éclatante.
L. reuteri et les oxalates
Les oxalates sont des composés naturels présents dans plusieurs végétaux (épinards, betteraves, amandes, cacao, etc.). En excès, ils peuvent contribuer à la formation de calculs rénaux chez les personnes sensibles et perturber l’équilibre minéral, notamment en diminuant l’absorption du calcium et du magnésium.
Certaines souches de probiotiques, comme l’Oxalobacter formigenes, sont connues pour dégrader directement les oxalates dans l’intestin. Le Lactobacillus reuteri, quant à lui, n’est pas un « dégradeur d’oxalates » spécialisé, mais il peut jouer un rôle indirect :
- En renforçant l’équilibre du microbiote, il favorise la présence d’autres bactéries capables de métaboliser les oxalates.
- Ses propriétés anti-inflammatoires et son action sur la perméabilité intestinale pourraient réduire l’impact négatif des oxalates sur l’organisme.
- Certaines études suggèrent que les Lactobacillus en général peuvent contribuer à réduire la charge oxalate intestinale, mais l’effet est modeste comparé à des souches spécifiques comme Oxalobacter.
👉 En résumé : le L. reuteri n’élimine pas directement les oxalates, mais il peut soutenir un microbiote plus résilient, ce qui aide indirectement à mieux gérer leur présence.
Comment en bénéficier ?
Pour profiter pleinement de ses bienfaits, il est essentiel de consommer un yogourt ou un ferment contenant une concentration suffisante en bactéries vivantes (CFU – unités formatrices de colonies).
Faire son yogourt L. reuteri maison
La bonne nouvelle ? Faire son propre yogourt L. reuteri maison est beaucoup plus simple qu’on le croit ! C’est une façon naturelle et efficace de réintroduire cette bactérie oubliée dans votre alimentation quotidienne.
En seulement 36 heures, on obtient un délicieux lait fermenté semblable au yogourt, mais encore plus puissant : plus de 100 milliards de bactéries actives dans 1 tasse (250 ml).
Le choix du lait est important :
- 🥛 Lait entier (3,25 %) → pour un yogourt plus léger mais toujours crémeux.
- 🥛 Crème à 10 % → donne une texture plus riche et onctueuse, tout en augmentant la teneur en bons gras.
Le rôle de l’inuline dans le yogourt L. reuteri
L’inuline est un prébiotique naturel, une fibre soluble que l’on retrouve notamment dans la chicorée, le topinambour, les asperges et l’ail. Contrairement aux sucres classiques, l’inuline n’est pas digérée par notre organisme. Elle passe intacte jusqu’au côlon, où elle sert de nourriture aux bonnes bactéries du microbiote.
Dans le cas du yogourt L. reuteri, l’inuline joue un rôle essentiel :
- Elle alimente les bactéries probiotiques pendant la fermentation, leur permettant de se multiplier efficacement.
- Elle contribue à obtenir une texture plus ferme et crémeuse.
- Elle ajoute un léger goût naturellement sucré, sans augmenter de façon significative la charge glycémique.
- Comme toutes les fibres prébiotiques, elle soutient la santé digestive
et favorise la croissance de bactéries bénéfiques déjà présentes dans l’intestin.
Il est donc recommandé d’ajouter environ 1 c. à soupe (9g) d’inuline par litre de lait ou de crème lors de la préparation du yogourt.
- ✨ En résumé : le Lactobacillus reuteri
- est une véritable merveille pour votre santé intestinale, émotionnelle et immunitaire. Le réintégrer dans votre microbiote pourrait transformer non seulement votre digestion, mais aussi votre bien-être général.
👉 Et si vous essayiez dès aujourd’hui de préparer votre propre yogourt L. reuteri ? Votre intestin… et peut-être même votre humeur, vous remercieront !
❓ FAQ – Yogourt L. reuteri
1. Combien de temps faut-il incuber le yogourt L. reuteri ?
En moyenne 36 heures à basse température (environ 36°C) pour obtenir une bonne colonisation bactérienne.
2. Le yogourt est-il sûr pour tout le monde ?
Oui, mais comme pour tout probiotique, certaines personnes peuvent ressentir une adaptation digestive (ballonnements légers, gaz) les premiers jours. C’est pourquoi, il vaut mieux débuter la consommation du yogourt graduellement. Commencer par 2 c. à soupe (30ml) par jour et augmenter graduellement jusqu’à 1/2 tasse (125ml).
3. Quelle quantité consommer par jour ?
En général, 1/2 tasse (125ml) par jour suffit pour profiter des bienfaits.
4. Est-ce que je peux le faire avec une yaourtière classique ?
Oui, à condition que ta yaourtière maintienne une température stable autour de 96°F (36°C) pendant 36 heures.
Valeur nutritive approximative (par portion de ½ tasse (125ml))
Avec lait entier 3,25 %
- Lipides : 5 g
- Glucides : 4 g
- Protéines : 6 g
Avec crème 10 %
- Lipides : 10 g
- Glucides : 3 g
- Protéines : 2 g